Page:Radiguet - Le Bal du comte d’Orgel, Grasset, 1924.djvu/108

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
LE BAL DU COMTE D’ORGEL

pour imiter un geste paternel, les laissait dépasser au revers de sa manche. Le chef de la famille tenait d’une main et caressait de l’autre comme un animal, un chapeau claque d’une forme ancienne. Il faisait avec ce chapeau mille pitreries pour tenir les enfants éveillés. Il accompagnait ces farces d’un boniment débité avec l’accent des clowns, qui les faisait rire aux larmes. Ensuite, le frappant de sa main droite, il présentait une galette noire.

— Tu n’as pas perdu les billets, Toto ? s’inquiétait-il de temps en temps. Ce ne serait pas la peine d’avoir pris des premières !

La dame et sa grande fille, honteuses du brave homme à cause de la présence de François, se plongeaient dans le programme du spectacle dont elles venaient et, lorsque les enfants trépignaient de joie, secouaient leur tête enveloppée d’une mantille. Elles souriaient, du sourire qui désavoue. François était gêné

— 80 —