Aller au contenu

Page:Radiguet - Le Bal du comte d’Orgel, Grasset, 1924.djvu/166

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
LE BAL DU COMTE D’ORGEL

assez nombreux pour que les hommes aient fini par y reconnaître la main d’une déesse : la fatalité. Simplement, ou, si l’on veut, fatalement, Mme de Séryeuse, ne pouvant tenir en place, avait fait atteler et donné l’ordre d’une promenade dont elle n’avait pas l’habitude.

Voilà pourquoi son fils entendait passer sa voiture sur la route.

— Je suis perdu, se dit-il. En effet, si Anne et François ne pouvaient voir Mme de Séryeuse, ni en être vus, elle ne pouvait échapper à Mahaut.

La victoria passait. Il ferma les yeux, comme quand on se noie.

Jamais Mme de Séryeuse n’avait paru si jeune. Mahaut ne la connaissait qu’en toilette sombre. Avec cette robe de campagne, ce chapeau de paille, cette ombrelle, on pouvait imaginer une sœur cadette de François.

Devant l’apparition, Mahaut crut rêver. Elle poussa un cri. La victoria avait disparu. Anne d’Orgel se retourna.

— 138 —