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LE BAL DU COMTE D’ORGEL

la frivolité apparaît impardonnable aux yeux d’un Paul Robin. Il se trompe. C’est en ces époques troublées que la légèreté, le dévergondage même se comprennent le mieux. On jouit avec véhémence de ce qui appartiendra demain à d’autres.

La nature d’Anne s’émerveilla de cette légèreté. Anne était un gibier facile, marqué d’avance. Depuis l’apparition de François, il avait dissimulé un peu sa nature frivole, mais, François absent, il la retrouvait avec d’autant plus de délices qu’à Vienne ce costume était de mode.

Jadis, le comte n’avait pas hésité à faire à sa femme de petites infidélités. Qu’elle n’en sût rien, suffisait au repos de sa conscience. Il n’obéissait pas à des désirs impérieux : de ces petites trahisons, il n’avait pas tiré grand plaisir. C’était par devoir, pourrait-on dire, si ce mot n’était par trop vif, qu’Anne avait trompé Mahaut. Pour lui, cela fai-

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