Page:Radiguet - Le Bal du comte d’Orgel, Grasset, 1924.djvu/192

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François de Séryeuse, dans la solitude, croyait juger de tout avec noblesse et clairvoyance. En voulant reviser ses amitiés, ses jugements, il se livrait à un jeu dangereux. Mahaut elle-même n’échappa point à cette enquête. François dut s’avouer qu’il l’aimait comme on aime une femme, et non comme un ange ou une sœur. À Paris, sa béatitude venait d’une équivoque. Seul à seul avec la vérité, et loin du respect que donne la présence, il se désespéra. Il se promenait sur la plage : — « Si j’aime Mahaut tout court, je désire tromper Anne. » L’attitude de Mahaut lui apparaissait comme la seule sauvegarde de son amitié pour Anne. Il profita de ce qui le désespérait pour ne pas se considérer comme un mauvais ami. Il se répéta

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