Page:Radiguet - Le Bal du comte d’Orgel, Grasset, 1924.djvu/197

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
LE BAL DU COMTE D’ORGEL

rale, qui pousse les plus fermés à s’ouvrir, que Paul avait couru à François.


Gagné par les confidences de Paul, François se confia à son tour. Il lui dit qu’il aimait Mme d’Orgel, d’un amour sans espoir, et que son amitié pour Anne le poussait même à ne point souhaiter qu’il en fût autrement. Les deux amis s’approuvaient, et il était curieux de voir nos complices, qui si souvent avaient cherché à s’éblouir par le récit de méfaits imaginaires, se piquer d’émulation dans des sentiments qu’ils tenaient jadis pour risibles : la fidélité, le respect de soi-même et d’autrui, ce mélange qui n’est insipide que pour ceux qui n’ont pas de goût, le devoir.

Chez le nouveau Paul, cependant, François, à chaque pas, retrouvait l’ancien, le vrai.

Paul avait apporté à François son passeport pour Venise. Quand il apprit que Séryeuse devait y retrouver les

— 169 —