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LE BAL DU COMTE D’ORGEL

La princesse d’Austerlitz était magnifique, elle, sous ce bec de gaz, dont l’éclairage lui convenait mieux que celui des lustres. Elle évoluait entourée de voyous, autant à l’aise que si elle eût toujours vécu en leur compagnie.

Pour n’avoir pas à prononcer un nom aussi clinquant que le sien, tout le monde l’appelait Hortense, ce qui pouvait laisser entendre qu’elle était l’amie de tout le monde. D’ailleurs elle l’était, sauf des gens qui ne voulaient point. Car elle était la bonté même. Mais, des moralistes l’eussent peut-être déploré pour la Bonté. À cause de la liberté de ses mœurs, certaines maisons lui étaient hostiles. Arrière-petite-fille d’un maréchal de l’Empire, elle avait épousé le descendant d’un autre maréchal. De tous ceux qui connaissaient sa femme, le prince d’Austerlitz était le seul qui ne fût pas intime avec elle. D’ailleurs, elle ne dérangeait pas ce prince, que la jeunesse croyait mort, tant il faisait peu

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