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LE BAL DU COMTE D’ORGEL

Les trois hommes baisant la main de Mme  d’Austerlitz, les spectateurs rirent.

François déjà s’incorporait à ce point aux Orgel qu’il ne comprit nullement la cause des rires. Outre le geste du baise-main la voix du comte d’Orgel mettait ainsi la foule en gaîté.

Une chose dont Mme  d’Orgel ne se rendait pas compte, c’était que la sympathie aveugle de la foule allait davantage à Hortense d’Austerlitz et à Hester Wayne qu’à elle-même, parce que la princesse et l’Américaine, habillées pour le soir, étaient en cheveux, et pour les femmes du peuple l’attribut de la dame, c’est avant tout le chapeau.

Seul, au second rang, un colosse se permettait de ne pas montrer de sympathie pour la princesse. « Ah ! si j’avais des grenades ! » avait-il d’abord grogné. Mais les murmures lui enseignèrent que s’il tenait à sa peau il ne fallait

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