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LE BAL DU COMTE D’ORGEL

étaient presque siens. Adolphe Forbach, lui, était sûr d’avoir été de ces parties de campagne antérieures à sa naissance.

On finissait par se croire non en face d’une mère et d’un fils, mais d’un vieux ménage.

Ce ménage avait bien organisé sa vie infirme ; l’économie de son bonheur émerveillait François. Il tirait un enseignement profond de ces deux êtres qui n’avaient besoin de rien ! À quoi eussent servi ses yeux, à Mme Forbach ? Elle vivait de souvenirs. Tout ce à quoi elle tenait, elle le connaissait par cœur. Parfois François assis à côté d’elle feuilletait un album plein de photographies de M. de Séryeuse. Sa mère les lui cachait. Car il était officier de marine ; il était mort en mer et Mme de Séryeuse évitait à son fils tout ce qui eût pu lui donner le goût d’une carrière maudite. Mme Forbach réprouvait un peu Mme de Séryeuse de cacher à son fils des reliques. C’est qu’elle ignorait l’inquiétude des

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