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LE BAL DU COMTE D’ORGEL

mères ; même ce qu’elles craignent lui aurait été un bonheur auquel elle ne pouvait prétendre, puisque son malheureux Adolphe ne pouvait faire seul un pas dans la vie.

François était ému lorsque, tournant les feuilles de l’album, Mme Forbach, fermée à ces images mais qui portait chacune gravée dans son cœur, lui disait comme une voyante : voici ton père à quatre ans, à dix-huit. Voici son dernier portrait sur son bateau ; il nous l’avait envoyé.

« Comme je me serais entendu avec lui », soupirait-il. Ce soupir ne visait pas sa mère : car pour qu’il y ait entente ou mésentente, il faut des préoccupations communes. Or, tandis que la vie de Mme de Séryeuse était d’« intérieur », dans tous les sens du mot, celle de son fils était extérieure, épanouissait ses pétales. La froideur de Mme de Séryeuse n’était qu’une grande réserve, et peut-être une impossibilité à dévoiler ses

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