Page:Rague - Jane Austen, 1914.djvu/106

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le fils du frère de Mr. Knightley et de la sœur d’Emma, qui doit hériter des domaines du riche gentleman.

Frank Churchill est alors rappelé par sa tante. Son départ permet à Emma de tirer au clair une question qui l’obsède depuis quelques jours. Frank est sans doute amoureux d’elle ; toute sa conduite le prouve ; mais elle ? Qu’éprouve-t-elle pour lui ? L’absence de Frank va lui servir de criterium. Elle pense souvent à lui, mais elle peut se passer de sa présence, elle reste aussi active et aussi gaie. Non, décidément, ce n’est pas de l’amour. Il ne lui reste plus qu’à plaindre ce pauvre jeune homme d’adorer en vain Emma Woodhouse ; et elle s’occupe de nouveau de la petite Harriet.

Mr. Elton, après une courte absence, vient de rentrer à Highbury, triomphant. Il a tiré bon parti de ses agréments physiques, et il ramène une femme pourvue de deux cent cinquante mille francs de dot. Il étale complaisamment son bonheur dans tout le village, et prend les airs les plus narquois vis-à-vis d’Emma et de son amie. À un bal, Harriet reste seule, isolée, sans cavalier, en face de Mr. Elton dédaigneux, réjoui de son embarras. Heureusement, Mr. Knightley, qui pourtant ne danse jamais, a pitié d’elle, l’invite et la tire d’une situation mortifiante. Mrs. Elton n’est pas moins arrogante que son mari envers Harriet ; elle arrive de la ville, et veut donner le ton à tout Highbury ; elle s’efforce même de ravir à Miss Woodhouse la première place dans la petite société du village. C’est un moment difficile pour l’orgueil d’Emma. Elle cherche à venger son amie du mépris de Mr. Elton en élevant Harriet au-dessus de la femme du vaniteux pasteur, et, pour cela, songe à la marier à Frank Churchill.

Le hasard semble favoriser son projet. Mr. et Mrs, Churchill sont maintenant installés non loin d’Highbury, et un jour Emma voit arriver Harriet tremblante au bras de Frank ; il vient de l’arracher à l’importunité d’une