Page:Rague - Jane Austen, 1914.djvu/107

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bande de bohémiens, et il semble, lui aussi, tout émotionné du péril très relatif qu’a couru la jeune fille. Quelques jours plus tard, Harriet confie à Emma qu’elle a renoncé à se marier ; oh, pas à cause de Mr. Elton ! mais parce qu’elle aime maintenant un homme infiniment supérieur, qui lui a rendu un service inoubliable.

Harriet n’a prononcé aucun nom, mais Frank Churchill, vainqueur des bohémiens, est suffisamment désigné. Emma ne veut pas intervenir directement: « Ne me dites pas le nom » recommande-t-elle. Cependant elle félicite Harriet sur son bon goût, l’engage à ne pas se décourager, et elle va flirter avec Frank Churchill pour le gagner entièrement à sa protégée. Comme elle a la conscience tranquille, que ce n’est pas pour son propre compte, elle n’y met aucune retenue. Mr. et Mrs. Weston en sont ravis, mais Knightley en paraît peu satisfait, Il est vrai que c’est sa nature de grogner sans cesse, et qu’il a pris Frank en grippe dès son arrivée. Il le critique à tort et à travers ; n’a-t-il pas trouvé mystérieuse son attitude avec Miss Fairfax ! Celle-ci semble en vouloir à Emma des taquineries que lui prodigue Frank Churchill. Elle passe complètement dans le camp des Elton, et laisse la femme du pasteur, ravie de se donner de l’importance, lui chercher une place de gouvernante. Mais il y a une chose qu’elle ne permet pas à Mrs. Elton, c’est de prendre pour elle ses lettres à la poste.

Puis, coup de théâtre. Mrs. Churchill meurt ; Frank est désormais indépendant, car son oncle lui a toujours laissé une complète liberté. Mr. Weston, navré, accourt raconter à Emma que son fils va épouser Jane Fairfax, avec qui il était fiancé depuis longtemps ; son flirt avec Miss Woodhouse n’avait servi que de paravent à son amour pour Jane ; c’est lui qui a payé le piano, et c’est pour le commander qu’il a été se faire couper les cheveux à Londres. Emma rassure vite ses amis sur