termes rares ou emphatiques ; elle ne recherche pas l’écriture artiste. Un de ses personnages se vante d’ignorer le langage des amateurs de pittoresque : « J’appellerai escarpée », dit-il « une colline quand je devrais parler de ses lignes hardies ; je dirai de plaines qu’elles sont étranges et raboteuses au lieu de les trouver capricieuses et tourmentées, des objets éloignés qu’ils sont hors de vue, quand ils devraient être qualifiés d’indistincts à travers le doux voile d’une atmosphère nébuleuse [1] ».
Elle a trop lu de fades et prétentieuses imitations de Grabbe et de Cowper, et la crainte de tomber dans le lieu commun l’arrête. Elle pense comme Marianne Dashwood que :
L’admiration des paysages est devenu un simple « jar- gon ». Tout le monde a maintenant la prétention de sentir et de décrire les beautés de la nature avec le goût et l’élé- gance de celui qui le premier a défini la beauté pittoresque. Je déteste tous les « jargons »; et souvent je préfère garder mes sentiments pour moi, car je ne trouve pour les expri- mer qu’un langage usé à force d’avoir servi à tout le monde, et qui n’a plus ni sens ni force[2].
Cette citation nous montre combien est injuste le jugement de Charlotte Brontë : « Jane Austen est une parfaite lady, pleine de bon sens, mais une femme très incomplète, à qui manque la sensibilité, qui n’a ni passion ni éloquence, rien du captivant enthousiasme de la poésie » [3].
C’est précisément l’amour délicat de la vraie poésie, un sens artiste développé, qui empêchent Jane Austen de s’abandonner aux enthousiasmes faciles et rebattus. D’ailleurs, il ne faut jamais perdre de vue que Miss