En mai 1817, on la conduisit, après beaucoup de résistance de sa part, à Winchester, où habitait un médecin renommé. Elle y passa ses derniers jours, dans une maison meublée, avec sa chère Cassandra. Elle restait toute la journée étendue sur un canapé, mais elle pouvait encore prendre ses repas à table et circuler d’une chambre dans l’autre. La maladie ne lui avait pas enlevé sa cordialité et sa joyeuse bienveillance envers son entourage. Les dernières lettres qu’elle écrit à son neveu, Edward Austen, ne renferment que de touchants témoignages de gratitude : « Si vous êtes malade, puissiez-vous recevoir le même réconfort de la présence chérie d’amis anxieux et pleins de sympathie ; et surtout, puisse la Providence vous accorder cette suprême satisfaction, le sentiment de ne pas être indigne de leur amour ; moi, il me semble que je ne le mérite pas [1]. »
Et les dernières lignes qu’elle a la force de tracer sont encore un cri de reconnaissance. « J’ajouterai seulement que ma sœur chérie, ma tendre, attentive et infatigable garde-malade ne se ressent pas de son surmenage. Pour tout ce que je lui dois, pour l’affection anxieuse de toute ma famille bien aimée dans cette épreuve, je ne puis que verser des larmes de reconnaissance, et prier Dieu de les bénir chaque jour davantage [2]. »
Comme elle se sentait mourir, elle redoublait de douceur et multipliait les marques d’affection envers tous. Son neveu, Mr. Austen-Leigh, nous rapporte ainsi ses derniers moments :
« Durant toute sa maladie elle fut soignée par Cassandra, qu’assistait souvent ma mère, sa belle-sœur. Elles étaient toutes deux auprès d’elle lorsqu’elle mourut. Deux de ses frères, qui étaient pasteurs, vivaient assez près de Winchester pour venir la voir souvent,