Page:Raguey - Le Buste voilé, Roman complet no 19, 1916.djvu/10

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Je n’avais fait que l’entrevoir ; mais elle m’avait paru d’une incomparable beauté ; ce que j’avais remarqué, c’était l’ineffable douceur de son regard, la modestie, l’innocence et la pureté qui rayonnaient autour d’elle. Je la suivis attiré par un charme étrange.

Quand je fus à quelques pas, je la vis s’arrêter, puis entrer avec sa compagne dans la boutique d’un boulanger qui faisait presque face à la porte cochère de ma maison. J’eus un instant la pensée de rester sur le seuil et d’attendre sa sortie pour mieux la voir ; mais un sentiment de discrétion m’en empêcha, et je regagnai mon atelier. Le soir, après mon dîner, je fus me placer sur le devant de la porte. Jugez de ma surprise lorsqu’un instant après, j’aperçus la belle jeune fille venir s’asseoir en dehors de la boutique, suivie de la même personne que j’avais vue le matin et d’un homme d’une quarantaine d’années, tenant par la main un enfant de quatre à cinq ans. Je ne pouvais pas m’y tromper : les deux femmes étaient en cheveux ; elles étaient chez elles. La plus âgée était l’épouse du boulanger ; l’autre, qui lui ressemblait beaucoup, devait être sa fille, et le petit garçon son fils. Je me trompais en partie : les deux femmes étaient sœurs.