Page:Raguey - Le Buste voilé, Roman complet no 19, 1916.djvu/9

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que je menais, et cette habitude d’aller toujours seul m’avait valu de la part de mes voisins se surnom d’ « el Solitario ». C’est du moins ce que me dit un jour la Gazza. Je lui répondis que je ne m’inquiétais pas de mes voisins, et que je me souciais peu de savoir ce qu’ils disaient ou pensaient de moi. C’en fut assez, et elle ne m’en parla plus.

Un dimanche, que je n’oublierai jamais, j’allais sortir de l’église, et j’arrivais près du bénitier lorsque je vis une main tendue de mon côté et m’offrant l’eau sainte. Je la pris presque machinalement du bout du doigt. À l’instant même, celle dont je venais d’effleurer la main, et qui avait le visage tourné vers l’autel, fit un mouvement de mon côté comme pour chercher la personne à qui elle avait cru présenter l’eau bénite. Au salut que je faisais pour la remercier elle reconnut son erreur, et une modeste rougeur colora tous ses traits. Aussitôt elle se rapprocha de la personne qui l’accompagnait, et elle sortit avec elle.