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Page:Raguey - Le Buste voilé, Roman complet no 19, 1916.djvu/17

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ce qu’on disait, porta sa petite main à ses lèvres et m’envoya un baiser. Je le lui rendis, puis regardant Pia, je la saluai courtoisement. Je la vis s’éloigner et je sentis que mon cœur s’envolait avec elle.

Resté seul, je voulus me remettre au travail ; mais je ne le pus. Soit bien-être ou malaise, chose que je n’aurais su définir en ce moment, je ne pouvais rester en place. J’étouffais dans mon atelier ; je sentais que j’avais besoin du grand air. Aussi, peu après, je sortis et je gagnai la campagne. Je me promenai jusqu’au soir, assailli par mille pensées que je caressais et repoussais tour à tour. La jeunesse et le besoin d’aimer qui est au fond du cœur de tout homme de vingt ans, ouvraient à mes regards avides les plus séduisantes perspectives. La fantaisie m’entraînait en des rêves qui charmaient mes sens et mon orgueil. Puis la raison dont j’avais résolu de faire mon guide, et que j’appelais à mon aide, me faisait voir bientôt, — du moins je le croyais, — que tout cela n’était qu’un mirage trompeur. Je rentrai beaucoup moins apaisé que je ne l’avais espéré. La Gazza s’aperçut de l’espèce de