Page:Raguey - Le Buste voilé, Roman complet no 19, 1916.djvu/41

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gler. Enfin ma torture finit, et je me séparai de Pia après avoir échangé avec elle un de ces bons regards qui font oublier tant de peines.

En sortant, sir Edwards avait mis un écu de cinq livres dans la main de la servante.

Les jours suivants sir Edwards fut plus souvent, que moi chez les Falghieri.

Pour comble de disgrâce, miss Margaret arriva le lendemain ; elle était venue, disait-elle, à Florence pour acheter des objets de toilette qu’elle n’avait pu se procurer ni à Montepulciano ni à Sienne. Puis elle avait poussé jusqu’à Prato, où elle désirait voir mon atelier et où elle savait du reste devoir trouver son frère. Elle ajoutait que, craignant en outre de me voir surpris par les délices de Capoue, elle voulait m’empêcher de m’y plonger, en me forçant à retourner à Montepulciano à l’expiration du congé que j’avais pris. Elle brûlait du désir de voir son buste en marbre terminé. Elle prit en quelque sorte possession de mon atelier, et ne le quittait qu’aux heures des repas. Je profitai de ces courts instants qu’elle me laissait pour faire une apparition chez les Falghieri, et échanger, sinon quelques paroles d’amour, du moins quelques regards avec Pia. Celle-ci s’était aperçue de l’arrivée de la jeune Américaine, et sa présence dans mon atelier lui causait une inquiétude qu’elle m’avait plusieurs fois manifestée. J’avais essayé de la calmer par quelques bonnes paroles, et je croyais avoir réussi. Cependant Nino ve-