des villes ; les hommes de couleur libres formoient ensuite cette portion qu’on appelloit avec tant de hauteur bas peuple ; ils y étoient en nombre bien inférieur aux blancs parce que les vexations qu’ils y éprouvoient, les forçoient de se placer dans les campagnes ; cette population telle que je viens de là décrire avoit sa haute noblesse et sa noblesse secondaire, sur-tout dans les principales villes de la colonie, telles que le Cap, le Port-au-Prince, les Cayes du fond, Jacmel, etc.
Cette haute noblesse étoit composée du gouverneur général et de tout ce qui tenoit au gouvernement militaire, de l’intendant, de ses principaux agens, et des membres des conseils souverains. A cette haute noblesse se joignoient naturellement tous riches propriétaires des plaines qui avoisinent ces grandes villes presque tous qualifiés, titrés ou décorés de la croix de Saint-Louis qu’ils avoient acquise à prix d’argent. A la suite de ce cortège étoient, comme par-tout, des chevaliers d’industrie, des intrigans cherchant à se mettre de niveau avec cette classe, par la fortune[1] et nullement délicats sur les moyens de la faire.
- ↑ Nota. Les petits quartiers privés de cette noblesse, ont été moins troublés, aussi les mal-intentionnés vouloient-ils pour réussir dans leur desseins perfides, tenir les assemblées au Cap, parce que le peuple y étant plus nombreux, il pouvaient le remuer et l’égarer à leur gré.