Page:Raimond - Origine des troubles de Saint-Domingue, 1792.djvu/13

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Nous voyons et nous mesurons avec effroi l’un et l’autre de ces dangers ; mais principalement le dernier est vraiment d’une nature à nous causer les plus horribles inquiétudes ; nous le voyons, et nous sommes forcés de nous taire : on est ivre de liberté. Messieurs, une société d’enthousiastes, qui ont pris le titre d’amis des noirs, écrit ouvertement contre nous ; elle épie le moment favorable de faire explosion contre l’esclavage : il suffiroit peut-être que nous eussions le malheur de prononcer le mot, pour qu’on saisît l’occasion de demander l’affranchissement de nos nègres. La crainte que nous en avons nous réduit malgré nous au silence : le moment ne seroit pas favorable pour engager l’assemblée nationale à entrer dans nos mesures pour nous garantir du danger qui nous menace. Le péril est grand, il est prochain ; veillons à notre sûreté ; mais veillons-y avec prudence. C’est ici qu’on a besoin de toute sa tête : ne réveillons pas l’ennemi, mais ne nous laissons pas surprendre. Veillez, encore une fois, veillez ; car l’assemblée nationale est trop occupée de l’intérieur du royaume pour pouvoir songer à nous. Prenez les mesures que votre sagesse vous dictera : observez bien les personnes et les choses ; qu’on arrête les gens suspects, qu’on saisisse les écrits ou le mot même de liberté est prononcé ; redoublez la garde