pourront tout renverser. Ils s’y refusent, et l’un d’eux adresse aux blancs ces paroles.
« N’avons-nous pas déjà prêté le serment à la patrie ? Si le premier ne valoit rien, le second vaudra-t-il mieux ? D’ailleurs, ne sommes-nous pas assez subordonnés à la volonté arbitraire des blancs ? qu’exigent-ils encore ? Un serment forcé pourroit-il nous lier ? N’est-ce pas notre bonheur et nos intérêts qui doivent nous donner l’impulsion ? et nous ferions un serment qui nous forceroit d’y renoncer ? »
À peine eut-il achevé, qu’il fut saisi ; et quoique les hommes de couleur fussent armés, et en plus grand nombre que les blancs, ils ne firent aucuns mouvemens, et se retirèrent paisiblement. Le lendemain, espérant sur la clémence des blancs, les hommes de couleur envoyèrent réclamer leur camarade. Le croira-t-on ? leurs députés sont arrêtés, conduits en prison, et traités comme des séditieux.
Dès ce moment, c’est à qui poursuivra les hommes de couleur, et à qui dévastera leurs habitations : les enfans qu’on y trouve ne sont pas épargnés. Deux, âgés, l’un de huit et l’autre de neuf ans, dont le père avoit fui, sont impitoyablement massacrés sur l’habitation de leurs parens.
Voilà ce qui se passoit dans les colonies, à