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par-tout et égorgés impitoyablement[1]. C’est ainsi que, lors de la révolte des esclaves, les hommes de couleur furent encore accusés d’en être les auteurs ; cependant aucun des révoltés pris ou arrêtés ne les ont chargés ; et M. de Blanchelande lui-même, qui, par imprudence, par foiblesse ou par crainte, souilloit sa correspondance de ces accusations, les démentoient ensuite dans ces mêmes correspondances, en y avouant ingénument que les hommes de couleur étoient ceux sur lesquels on pouvoit le plus compter, et

  1. Si l’on suit attentivement la correspondance de M. Blanchelande, on y verra que véritablement la saine politique exige qu’on fasse jouir les hommes de couleur de leurs droits. Par les aveux que les circonstances le forcent à faire, il avoue, dans plusieurs de ses lettres, que les hommes de couleur, par leur force et par l’habitude de la fatigue qu’ils ne craignent point, sont seuls propres à contenir les esclaves ; dans d’autres, qu’il y a beaucoup à craindre qu’en mécontentant les hommes de couleur, ils peuvent perdre la colonie ; dans d’autres, que les blancs sont incapables, par leur mollesse, de combattre les esclaves, dans d’autres enfin, que les esclaves ne craignent rien tant que les hommes de couleur, parce qu’ils savent qu’eux seuls peuvent les combattre avec avantage. Or, je demande si, en faisant tous ces aveux, ce n’est pas convenir tacitement que la politique s’accorde avec les principes, la justice et l’humanité » pour faire jouir les hommes de couleur libres des droits de citoyens.