Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol1.djvu/124

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vers son exil au sein des bois ; Râma, dis-je, n’en fut pas troublé et lui répondit en ces termes :

« Je ne suis pas un homme qui fasse des richesses le principal objet de ses désirs ; je ne suis pas, reine, ambitieux d’une couronne ; je ne suis pas un menteur ; je suis un homme, de qui la parole est sincère et l’âme candide : pourquoi te défier ainsi de moi ? Toute chose utile à toi, qu’il est en ma puissance de faire, estime-la comme déjà faite, fût-ce même de sacrifier pour toi le souffle bien-aimé de ma vie ! Certes ! exécuter l’ordre émané d’un père est supérieur à tout devant mes yeux, le devoir excepté : néanmoins, reine, je partirai dans le silence même de mon père, et j’habiterai les bois déserts quatorze années, sur la parole de ta majesté seule.

« Aussitôt que j’aurai dit adieu à ma mère et pris congé de mon épouse, je vais au même instant habiter les forêts : sois contente ! Tu dois veiller à ce que Bharata gouverne bien l’empire et soit docile au roi, son père. C’est là pour toi un devoir imprescriptible et de tous les instants. »

À peine le monarque, revenu un peu à lui-même et baigné dans ses tristes larmes, eut-il ouï ce discours de Râma, qu’il perdit une seconde fois la connaissance.

Après que Râma, le corps incliné, eut touché de sa tête les pieds de son père évanoui ; après qu’il eut adressé le même salut aux pieds de Kêkéyî ; après que, les mains jointes, il eut décrit un pradakshina autour du roi Daçaratha et de sa vile épouse, il quitta incontinent ce palais de son père. Lakshmana, au corps tout parsemé de signes heureux, mais les yeux obscurcis de larmes, suivit l’invincible, qui sortait devant lui : il marchait derrière, agitant la pensée de faire abandonner son dessein au