vaillant Râma, qui se hâtait d’aller résolument habiter au fond des bois.
Dès que Râma, plein de respect, mais détournant d’elles ses regards, eut décrit un pradakshina autour des choses destinées à la cérémonie du sacre, il s’éloigna lentement.
Il revit ses gens avec un visage riant ; il répondit à leurs saluts par les siens, avec les bienséances requises, et s’en alla d’un pied hâté voir Kâauçalyâ au palais même qu’habitait sa royale mère. Aucun homme, si ce n’est Lakshmana seul, ne s’aperçut du chagrin qu’il renfermait dans son âme, contenue par sa fermeté.
Dans ce même instant, la pieuse reine Kâauçalyâ prosternée adressait aux Dieux son adoration et s’acquittait d’un vœu, dont elle s’était liée vis-à-vis des Immortels. Elle espérait que son fils serait bientôt sacré comme prince de la jeunesse ; et, vêtue d’une robe blanche, toute dévouée à sa religieuse cérémonie, elle ne permettait pas à son âme de s’égarer sur des objets étrangers.
Râma, voyant sa mère, la salua avec respect ; il s’approcha d’elle et lui dit ces réjouissantes paroles : « Je suis Râma ! » Elle, aussitôt qu’elle vit arriver ce fils, les délices de sa mère, elle tressaillit de plaisir et de tendresse, comme la vache aimante reconnaît son veau chéri. S’étant abordés, Râma, caressé, embrassé par elle, honora sa mère, comme Maghavat honore la déesse Aditi.
Kâauçalyâ répandit sur lui ses bénédictions pour l’accroissement et la prospérité de ce fils bien-aimé : « Que les Dieux, lui dit-elle, ravie de joie, que les Dieux t’accordent, mon fils, les années, la gloire, la justice, digne apanage de ta famille, et dont furent doués jadis tous ces