aujourd’hui la peine que fait naître ma séparation d’avec toi ! Certes ! la femme stérile a bien son chagrin, mais celui seul de se dire : « Je n’ai pas d’enfants ! » encore, n’est-il pas égal à cette peine, que nous cause la séparation d’avec un fils bien-aimé ?
« Râma, tu ne dois pas obéir à la parole d’un père aveuglé par l’amour. « Demeure ici même ! Que peut te faire ce monarque usé par la vieillesse ? Tu ne partiras pas, mon fils, si tu veux que je vive ! »
Le gracieux Lakshmana, ayant vu dans un tel désespoir cette mère trop sensible de Râma, dit alors ces mots appropriés à la circonstance : « Il me déplaît aussi, noble dame, que ce digne enfant de Raghou, chassé par la voix d’une femme, abandonne ainsi la couronne et s’en aille dans un bois.
« Je ne vois pas une offense, ni même une faute minime, par laquelle Râma ait pu mériter du roi ce bannissement hors du royaume et cet exil au fond des bois.
« Tandis que cet événement n’est parvenu encore à la connaissance d’aucun homme, jette, aidé par moi, ta main sur l’empire, dont tu portes le droit inhérent à toi-même ! Quand moi, ton fidèle serviteur, je serai à tes côtés, soutenant de mes efforts ton assomption à la couronne, qui pourra mettre obstacle à ton sacre comme héritier du royaume ? »
Il dit ; à ce discours du magnanime Lakshmana, Kâauçalyâ, noyée dans sa tristesse amère, dit à Râma : « Tu as entendu, Râma, ces bonnes paroles d’un frère, dont l’amour est comme un culte envers toi. Médite-les, et qu’elles soient exécutées promptement, s’il te plaît. Tu ne dois pas, fléau des ennemis, fuir dans les bois sur un mot