Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol1.djvu/135

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bien-aimée Sîtâ debout, mais s’inclinant à sa vue avec respect, Sîtâ, cette épouse dévouée, plus chère à lui-même que sa vie et douée éminemment de toutes les vertus qui tiennent à la modestie.

À l’aspect de son époux, cette reine à la taille si gracieuse alla au-devant, le salua et se mit à son côté ; mais, remarquant alors son visage triste, où se laissait entrevoir la douleur cachée dans son âme : « Qu’est-ce, Râma ? fit-elle anxieuse et tremblante. Les brahmes, versés dans ces connaissances, t’auraient-ils annoncé que la planète de Vrihaspati opère à cette heure sa conjonction avec l’astérisme Poushya, influence sinistre, qui afflige ton esprit ? Couvert du parasol, zébré de cent raies et tel que l’orbe entier de la lune, pourquoi ne vois-je pas briller sous lui ton charmant visage ? Ô toi, de qui les beaux yeux ressemblent aux pétales des lotus, pourquoi ne vois-je pas le chasse-mouche et l’éventail récréer ton visage, qui égale en splendeur le disque plein de l’astre des nuits ? Dis-moi, noble sang de Raghou, pourquoi n’entends-je pas les poëtes, les bardes officiels et les panégyristes à la voix éloquente te chanter, à cette heure de ton sacre, comme le roi de la jeunesse ? Pourquoi les brahmes, qui ont abordé à la rive ultérieure dans l’étude sainte des Védas, ne versent-ils pas sur ton front du miel et du lait caillé, suivant les rites, pour donner à ce noble front la consécration royale ?

« Pourquoi ne vois-je pas maintenant s’avancer derrière toi, dans la pompe du sacre, un éléphant, le plus grand de tous, marqué de signes heureux, et versant par trois canaux une sueur d’amour sur les tempes ? Pourquoi enfin, devant toi, ne vois-je marcher, nous apportant la fortune et la victoire, un coursier d’une beauté non pa-