Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol1.djvu/136

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reille, au blanc pelage, au corps doué richement de signes prospères ? »

À ces mots, par lesquels Sîtâ exprimait l’incertitude inquiète de son esprit, le fils de Kâauçalyâ répondit en ces termes avec une fermeté qu’il puisait dans la profondeur de son âme : « Toi, qui es née dans une famille de rois saints ; toi, à qui le devoir est si bien connu ; toi, de qui la parole est celle de la vérité, arme-toi de fermeté, noble Mithilienne, pour entendre ce langage de moi. Jadis, le roi Daçaratha, sincère dans ses promesses, accorda deux grâces à Kêkéyî, en reconnaissance de quelque service. Sommé tout à coup d’acquitter sa parole aujourd’hui, que tout est disposé en vue de mon sacre, comme héritier de la couronne, mon père s’est libéré en homme qui sait le devoir. Il faut que j’habite, ma bien-aimée, quatorze années dans les bois ; mais Bharata doit rester dans Ayodhyâ et porter ce même temps la couronne. Près de m’en aller dans les bois déserts, je viens ici te voir, ô femme comblée d’éloges : je t’offre mes adieux : prends ton appui sur ta fermeté et veuille bien me donner congé.

« Mets-toi jusqu’à mon retour sous la garde de ton beau-père et de ta belle-mère ; accomplis envers eux les devoirs de la plus respectueuse obéissance ; et que jamais le ressentiment de mon exil ne te pousse, noble dame, à risquer mon éloge en face de Bharata. En effet, ceux qu’enivre l’orgueil du pouvoir ne peuvent supporter les éloges donnés aux vertus d’autrui : ne loue donc pas mes qualités en présence de Bharata. Désirant conserver sa vérité à la parole de mon père, j’irai, suivant son ordre, aujourd’hui même dans les forêts : ainsi, fais-toi un cœur inébranlable ! Quand je serai parti, noble dame, pour les