Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol1.djvu/155

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milieu des forêts doit arriver pour moi sous une étoile heureuse ! »

Après ce discours, dont le geste accompagnait la matière, il se leva et vit les trois cent cinquante épouses du roi. Lui, alors même, le devoir en personne, il s’approcha, les mains jointes, de ses nobles mères, et, courbant la tête avec modestie, leur tint ce langage : « Je vous adresse à toutes mes adieux. Si jamais, soit inattention, soit ignorance, j’ai commis une offense à l’égard de vous, moi-même, à cette heure, je vous en demande humblement pardon. »

Alors et tandis que le héros né de Raghou tenait ce langage, toutes ces épouses du roi éclatèrent dans une grande lamentation, comme de plaintives ardées. En ce moment, le palais du roi Daçaratha, qui résonnait auparavant des seuls concerts de la flûte, des tambourins et des panavas, retentit de sanglots, de gémissements et de tous les sons perçants, qui jaillissent du malheur.

Ensuite Lakshmana embrassa les pieds de Soumitrâ, qui, voyant son fils prosterné à ses genoux, lui donna sur le front un baiser d’amour, le serra étroitement dans ses bras et lui tint elle-même ce discours :

« Il est cinq devoirs, bien dignes de votre famille : ce sont la défense d’un frère aîné, l’aumône, le sacrifice, la pénitence et l’abandon héroïque de la vie dans les combats. Pense que Râma, c’est Daçaratha ; pense que la fille du roi Djanaka, c’est moi-même ; pense que la forêt, c’est Ayodhyâ ; et maintenant va, mon fils, à ta volonté ! »

Ensuite, s’approchant d’un air modeste et les mains jointes, comme on voit Mâtali s’avancer vers Indra, son maître : « Honneur à toi, fils du roi ! dit Soumantra au