Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol1.djvu/154

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yeux, roi puissant, que, défendue par toi, son protecteur légal, elle n’ait point à subir de persécutions. »

À l’aspect de ces habits d’anachorète, que Râma portait déjà en lui parlant ainsi, le monarque se mit à gémir et pleurer avec toutes ses femmes.

«  Peut-être ai-je ravi autrefois des enfants chéris à des pères affectionnés, dit-il, puisque je suis fatalement séparé de toi, mon fils, dans mon excessive infortune ! Les êtres animés ne peuvent donc mourir, ô mon ami, avant l’heure fixée par le Destin, puisque la mort ne m’entraîne pas en ce moment, où je me sépare de toi ! »

À ces mots, le roi s’affaissa sur la terre et tomba dans l’évanouissement.

Kâauçalyâ baisa tendrement Sîtâ sur le front et dit ces mots à Râma : « Il te faut, ô toi, qui donnes l’honneur, il te faut rester, sans cesse, fils de Raghou, aux côtés de Sîtâ et de Lakshmana, ce héros, qui t’est si dévoué. Il te faut en outre apporter la plus grande attention au milieu de ces arbres nombreux, dont les forêts sont couvertes. »

Râma, les mains jointes, s’approcha d’elle, et, se tenant au milieu des épouses du roi, il tint à sa mère ce langage dicté par le devoir, lui, pour qui le devoir n’était pas une science ignorée : « Pourquoi me donnes-tu ce conseil, mère, à l’égard de Sîtâ ?

«  Lakshmana est mon bras droit ; et la princesse de Mithila, mon ombre. En effet, il m’est aussi impossible de quitter Sîtâ, qu’au sage d’abandonner sa gloire ! Quand je tiens mes flèches et mon arc en main, d’où peut venir un danger pour moi ? D’aucun être, pas même de Çatakratou, le seigneur des trois mondes ! Bonne mère, ne sois pas affligée ! obéis à mon père ! La fin de cet exil au