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Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol1.djvu/157

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suis par dévouement ce frère aîné, que tu aimes, sur la route, où l’entraîne l’amour de son devoir. »

Dans ce moment, Râma, voyant son père, qui, environné de ses femmes, le suivait à pied, en proie à la douleur, et gémissait à chaque pas avec la reine Kâauçalyâ, il ne put, l’infortuné ! soutenir un tel spectacle, enchaîné, comme il était, dans les nœuds de son devoir. Quand il vit son père et sa mère aller ainsi à pied, courbés sous le chagrin, eux, à qui le bonheur seul était dû, il se mit à presser le cocher : « Avance ! dit-il ; avance ! » Il ne put, comme un éléphant que l’aiguillon tourmente, supporter de voir ces deux chers vieillards enveloppés ainsi par la douleur.

« Hâ ! mon fils Râma !… Hâ ! Sîtâ !… Hâ ! hâ ! Lakshmana ! tourne les yeux vers moi ! » C’est en jetant ces lamentations, que le roi et la reine couraient après le char.

« Arrête ! arrête ! » criait le vieux monarque ; « Marche ! » disait au cocher le jeune Raghouide. La position de Soumantra était alors celle d’un homme entre la terre et le ciel, qui ne sait trop s’il doit monter ou descendre. « Quand tu seras de retour chez le roi, tu lui diras : « Je n’avais pas entendu. Cocher, prolonger la douleur, c’est la rendre plus cruelle. » Ainsi Râma parlait à Soumantra.

Aussitôt que celui-ci, l’âme toute contristée, eut connu la pensée du jeune prince, il tourna ses mains jointes vers le vieux monarque et poussa les chevaux.

Le roi, chef de la race d’Ikshwâkou, ne détourna point ses yeux, tant qu’il put encore apercevoir la forme vague de ce fils qui marchait vers son exil.