Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol1.djvu/167

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tonnier, dit le Kakoutsthide au pilote ; délie ce bateau et conduis-nous à l’autre bord ! »

À cet ordre, le chef de la barque fit traverser le Gange à ces deux héroïques frères.

Quand ils ont abordé le rivage, ces deux princes magnanimes sortent de la barque, et, d’une âme bien recueillie, ils adressent à la Gangâ une humble adoration. Alors ce fléau des ennemis, ce héros, de qui l’aspect ne montrait plus rien qui ne fût de l’anachorète, se mit en route, les yeux noyés de larmes, avec son frère et son épouse.

Mais d’abord ce prince judicieux, voué au séjour des forêts, tint ce langage au brave Lakshmana, douce joie de sa mère : « Marche en avant, fils de Soumitrâ, et que Sîtâ vienne après ; j’irai, moi, par derrière, afin de protéger Sîtâ et toi ! C’est aujourd’hui que ma chère Vidéhaine connaîtra les maux d’une habitation au milieu des bois : il faudra qu’elle supporte les sauvages concerts des sangliers, des tigres et des lions ! » Puis, tournant un dernier regard vers cette plage, où se tenait encore Soumantra, nos deux frères, l’arc en main, de marcher avec Sîtâ vers ces grandes forêts. Mais, quand les enfants du roi se furent avancés jusqu’au point de n’être plus visibles, Gouha et le cocher s’en retournèrent de là, remportant avec eux leur amour.

Les trois nouveaux ascètes s’enfoncent dans la forêt immense ; et, promenant leur vue çà et là sur différentes portions de terre, sur des régions délicieuses, sur des lieux qu’ils n’avaient pas encore vus, ils arrivent au pays qui était leur but, cette contrée où l’Yamounâ rencontre les saintes eaux de la Bhâgîrathî. Quand il eut suivi longtemps un chemin sans péril et contemplé des arbres de