Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol1.djvu/170

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l’anachorète : « Ce serait une faveur insigne pour moi, brahme vénéré, d’habiter ici avec toi. Mais notre pays, ô le plus saint des pénitents, est à la proximité de ces lieux ; et mes parents viendraient, sans nul doute, m’y visiter. Pour ce motif, je ne veux pas d’une habitation ici ; mais daigne m’indiquer un autre ermitage isolé dans la forêt déserte, où je puisse habiter avec plaisir, sans trouble, ignoré de mes parents, accompagné seulement de Lakshmana et de ma chaste Vidéhaine. »

Il dit ; à ce langage de Râma, le grand anachorète Bharadwâdja réfléchit un instant avec recueillement et lui répondit en ces termes : « À trois yodjanas d’ici, Râma, est une montagne, fréquentée des ours, hantée par les singes et dont les échos répètent les cris des golângoulas[1]. Cette retraite sainte, fortunée, libérale en tous plaisirs, habitée par de grands sages et semblable au mont Gandhamândana, est nommée le Tchitrakoûta : tu peux demeurer là.

« Tant qu’un homme aperçoit les sommets du Tchitrakoûta, la félicité ne cesse pas de lui sourire et toutes ses pensées lui viennent de la vertu. »

Ensuite Râma, quand il eut mangé, se mit à raconter diverses histoires, entremêlées avec celles de Bharadwâdja, et toute la sainte nuit s’écoula ainsi. Quand elle fut passée, le noble exilé récita la prière du matin et vint respectueusement s’incliner devant le grand saint : « Râma, lui dit le solitaire, va d’ici en diligence au mont Tchitrakoûta avec ton épouse et Lakshmana : tu habiteras ces lieux en toute assurance.

« Dirige-toi vers cette montagne heureuse et bien

  1. C’est-à-dire, singes à queue de vache.