Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol1.djvu/172

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gage à Sîtâ : «  Sîtâ, ma belle aux grands yeux, vois-tu, à la fin de la saison froide, ces kinçoukas déjà fleuris et comme en feu, près du fleuve, dont ils ceignent le front d’une guirlande ? Vois encore, le long de la Mandâkinî, cette forêt de karnikâras, tout illuminée de ses fleurs splendides, flamboyantes et comme de l’or ! Vois ces bhallâtakas, ces vilvas, ces arbres à pain, ces plaqueminiers et tous ces autres, dont les branches pendent sous le poids des fruits. Il nous est possible, femme à la taille svelte, il nous est possible de vivre ici avec des fruits : oh ! bonheur ! nous voici donc arrivés à ce mont Tchitrakoûta, semblable au paradis !

«  Vois, ma belle chérie, vois comme, sur les bords de la Mandâkinî, la nature, au pied de chaque arbre, nous a jonché des lits brodés avec une multitude de fleurs ! »

Tandis qu’ils observaient ainsi les ravissants aspects du fleuve Mandâkinî, ils arrivèrent au mont Tchitrakoûta, ombragé par une variété infinie d’arbres en fleurs. À son pied solitaire, environné d’eaux limpides, Râma et Lakshmana, les deux héroïques frères, se construisent un ermitage.

Ils vont chercher au milieu du bois suave comme un jardin et rapportent de fortes branches, cassées par les éléphants. Fichées dans la terre et rattachées l’une à l’autre avec des lianes épandues, qui remplissent tous les intervalles, elles se forment bientôt sous leurs mains en deux huttes séparées. Ils couvrent le toit avec les feuilles nombreuses des arbres. Lakshmana ensuite nettoie les deux cases terminées ; et la Vidéhaine à la taille charmante les enduit elle-même d’argile. Alors, voyant son ermitage édifié, Râma dit à Lakshmana :

«  Apporte une gazelle, fils de Soumitrâ, et fais-la