Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol1.djvu/281

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Alors s’éleva sur le champ de bataille entre le Démon aux trois têtes et le vaillant Raghouide un combat tumultueux, âpre, où chacun désirait tuer, où le sang était versé comme de l’eau.

Ensuite Triçiras envoya trois dards aigus s’implanter dans le front du vaillant Râma, qui, plein de courroux, jeta ces mots avec dépit : « J’ai reçu les dards que m’a décochés le nerf de ton arc : maintenant reste ferme devant moi, si tu l’oses ! »

À ces mots, le héros irrité de plonger dans la poitrine de Triçiras quatorze flèches, pareilles à des serpents. Le guerrier plein de vigueur abattit ses coursiers avec quatre et quatre flèches de fer, il brisa son char avec sept ; il renversa le cocher sous les coups de huit traits, il trancha d’un seul et fit voler à terre son drapeau arboré.

À la vue d’une telle prouesse, le Rakshasa fléchit les genoux mentalement devant son rival ; mais, tirant son épée d’un mouvement rapide, il s’élança vers lui avec impétuosité. Celui-ci, à peine eut-il vu ce mauvais Génie sauté lestement hors de son grand char, qu’il fendit le cœur au Démon en y plongeant dix flèches. Le prince aux yeux de lotus, riant de colère, coupa les trois têtes du monstre avec six dards acérés. Vomissant un sang hideux, sa vie tranchée par les flèches de Râma, il tomba sur la terre comme une grande montagne dont la chute de ses hautes cimes a précédé la chute.

À la vue du héros Triçiras abattu dans le combat, le cœur de Khara fut consumé de colère et son âme fut prise de la fièvre des batailles. Mais, devant le spectacle de ces bataillons détruits, il ne put s’empêcher aussi de songer un peu qu’un seul homme avait anéanti cette armée et renversé les deux héros. À la pensée d’un tel exploit,