Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol1.djvu/286

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Sillonné des blessures faites par les traits du tonnerre dans les guerres des Asouras contre les Dieux, son corps étalait aux yeux les nombreuses cicatrices des plaies qu’Aîrâvata[1] lui avait infligées avec la pointe de ses défenses, et les traces multiples que le disque acéré de Vishnou avait laissées en tombant sur lui dans ses combats avec les Immortels.

Alors, au milieu des ministres de son frère, Çoûrpanakhâ furieuse jette ce discours plein d’âcreté à Râvana, le fléau du monde : « Plongé sans aucun frein dans tes jouissances de toutes les choses désirables, tu ne songes pas qu’il est né pour toi un danger terrible, auquel il est bien temps de songer.

« Khara est tué, Doûshana est tombé mort, et tu ne le sais pas ! Tu ignores que ces deux héros gisent percés de flèches dans le Djanasthâna. Râma seul, à pied, avec un bras d’homme, a moissonné quatorze milliers de Rakshasas à la vigueur enflammée ! La sécurité est rendue aux saints, la joie est ramenée dans tous les alentours de la forêt Dandaka ; et ce héros infatigable dans ses travaux a violé même ta province du Djanasthâna !

« Et toi, Râvana, livré à l’avarice, à l’incurie, à ceux qui disposent de ta volonté, tu n’as point senti qu’un danger terrible s’était allumé dans ton empire ! »

Ensuite, Râvana de jeter avec colère au milieu des ministres ces questions à Çoûrpanakhâ : « Qui est ce Râma ? D’où vient ce Râma ? Quelle est sa force ? Quel est son courage ? Pour quel motif a-t-il pénétré dans cette forêt Dandaka, si difficile à pratiquer ? Avec quelle arme ce Râma a-t-il moissonné mes Rakshasas, abattu Khara sur

  1. Éléphant céleste, la monture d’Indra.