le champ de bataille, et Doûshana, et Triçiras avec lui ? »
À ces mots du roi des Rakshasas, la furie pleine de colère se mit à raconter ce qu’elle savait de Râma suivant la vérité : « Râma est le fils du roi Daçaratha ; il a de longs bras, de grands yeux ; son vêtement est un tissu d’écorces avec une peau d’antilope noire : sa beauté est égale à celle de l’Amour. Il bande un arc aux bracelets d’or, semblable à l’arc d’Indra même, et lance des flèches de fer enflammées, pareilles à des serpents au poison mortel. Quatorze milliers de Rakshasas aux exploits épouvantables ont succombé sous les traits acérés de lui seul, archer incomparable. À peine, seigneur, ai-je pu seule échapper à la mort : « C’est une femme ! » a dit Râma ; et la seule grâce qu’il a faite, ce fut de me laisser ainsi la vie par dédain. Il a un frère d’une vive splendeur, vigoureux, plein de vertus, attaché, dévoué à lui, marqué de signes fortunés, égaux à ceux de Râma : son nom, c’est Lakshmana.
« Une dame illustre, aux grands yeux, à la taille charmante, si déliée qu’une bague peut lui servir de ceinture, est l’épouse légitime de Râma : elle se nomme Sîtâ. Je n’ai jamais vu sur toute la face de la terre une femme aussi belle, ni aucune nymphe, soit Kinnarî, soit Yakshî, ou Gandharvî, ni même une déesse ! L’homme qui serait l’époux de Sîtâ ou qu’elle embrasserait avec amour, il vivrait aussi heureux parmi les mortels qu’Indra même parmi les Dieux. Ainsi, elle, de qui la beauté ne voit rien de comparable à elle-même sur la terre, elle sera ici une épouse assortie à toi, Génie à la grande splendeur, comme tu seras toi-même un époux digne de Sîtâ.
« Si mon discours te sourit, n’hésite point à l’exécuter,