Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol1.djvu/310

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sarâ, femme à la taille svelte ? Mais ici ne viennent jamais ni les Dieux, ni les Gandharvas, ni les hommes ; ce lieu est la demeure des Rakshasas : comment donc es-tu venue ici ! »

Tandis que le méchant Râvana lui parlait ainsi, la fille du roi Djanaka, sans confiance, s’éloignait de lui çà et là, pleine de peur et de soupçons. Enfin cette femme à la taille charmante, aux formes distinguées, revint à la confiance, et, se disant à soi-même : « C’est un brahme ! » elle répondit au Démon Râvana, caché sous l’extérieur d’un religieux mendiant, l’honora et lui offrit tout ce qui sert à l’accueil d’un hôte. D’abord, elle apporta de l’eau ; elle invita ensuite le faux brahmane à manger des aliments que l’on trouve dans les bois, et dit au scélérat caché sous une enveloppe amie : « La collation est prête ! » Quand il se vit alors invité par Sîtâ avec un langage franc et sans réticences, le Démon, ferme dans sa résolution d’enlever par la violence cette fille des rois, se crut déjà parvenu au comble de ses vœux.

Ensuite la noble Vidéhaine, songeant aux questions emmiellées que Râvana lui avait adressées, y répondit en ces termes : « Je suis la fille du magnanime Djanaka, roi de Mithila : le nom de ta servante est Sîtâ ; son mari est le sage Râma. J’ai habité une année entière le palais de mon époux, jouissant avec lui des voluptés humaines dans l’abondance de toutes les choses désirables. Ce temps écoulé, le monarque, après en avoir délibéré avec ses ministres, jugea convenable de sacrer mon époux comme associé à sa couronne. Tandis qu’on préparait le sacre pour l’aîné des Raghouides, une reine ambitieuse au cœur vil, nommée Kêkéyî, surprit le roi, mon beau-père, et, tout d’abord, lui demanda l’exil de mon époux comme