Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol1.djvu/314

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À ces mots de Râvana, la charmante fille du roi Djanaka répondit avec colère au Démon, sans priser davantage ses discours : « Je serai fidèle à mon époux, semblable à Mahéndra, ce Râma, qu’il est aussi impossible d’ébranler qu’une grande montagne et d’agiter que le vaste Océan ! Je serai fidèle à Râma, cet héroïque fils de roi, à l’immense vigueur, à la gloire étendue, qui a vaincu en lui-même ses organes des sens et de qui le visage ressemble au disque plein de l’astre des nuits ! Ton désir, bien difficile à satisfaire, de t’unir à moi est celui du chacal, qui voudrait s’unir à la tigresse : il est aussi impossible que je sois touchée par toi, qu’il est impossible de toucher les rayons du soleil !

« Ô toi, qui veux enlever de force à Râma son épouse chérie, c’est comme si tu voulais arracher à la gueule d’un lion, ennemi des gazelles, la chair qu’il dévore plein de vigueur, impétueux, en fureur même !

« La différence qu’il y a dans les bois du chacal au lion ; la différence qu’il y a du faible ruisseau à l’Océan : c’est la différence qui existe de toi à mon noble époux !

« Tant qu’il sera debout, son arc et ses flèches dans sa main, ce vaillant Râma, de qui la puissance est égale à celle de la divinité aux mille yeux, tu ne pourras, si tu m’enlèves, oui ! tu ne pourras même digérer ta conquête, comme une mouche ne peut avaler la foudre ! »

C’est ainsi qu’à ce langage impur du noctivague Démon répondit cette femme à l’âme pure ; mais Sîtâ, vivement émue, tremblait en lui jetant ces paroles, comme un bananier superbe qu’un éléphant a brisé.

Le monarque des Rakshasas, quittant la forme de mendiant, revint à sa forme naturelle avec son long cou et