Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol1.djvu/316

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les tiens, ô le plus vil des Rakshasas, ton dernier soupir ! »

À ces mots de la belle Vidéhaine, la fureur du cruel Démon enflamma d’un éclat fulgurant ses dix faces pareilles aux sombres nuages. Râvana irrité brûlait, pour ainsi dire, la tremblante Vidéhaine avec ses regards flamboyants comme le feu sous des sourcils contractés et bien épouvantables à voir. De sa main gauche, il prit la belle Sîtâ par les cheveux ; de sa main droite, il empoigna les deux cuisses de la princesse aux yeux de lotus. Aussitôt qu’elle se vit dans les bras du vigoureux Démon, Sîtâ de jeter ces cris : « À moi, cher époux !… Pourquoi, héros, ne me défends-tu pas !… À moi Lakshmana ! »

À l’aspect du monstre aux longues dents acérées, à l’immense vigueur et semblable au sommet d’une montagne, toutes les Divinités du bois, saisies de crainte, s’enfuirent tremblantes çà et là. Une fois que le robuste Démon, tourmenté par l’amour, eut enveloppé de ses bras cette femme, les amours de Râma, il s’élança dans les cieux avec elle malgré sa résistance, comme Garouda, d’un vol rapide, emporte dans les airs l’épouse du roi des serpents.

Au même instant apparut de nouveau le char de Râvana, ouvrage de la magie, vaste, céleste, au bruit éclatant, aux membres d’or, attelé de ses ânes merveilleux. Le ravisseur, menaçant la Vidéhaine avec une voix forte et des paroles brutales, la prit alors dans son sein et la plaça dans son char : c’était l’époque de l’année où la nuit et le jour se partagent le cercle diurne en deux parties égales, le quantième du mois où la lune remplit de lumière toute la moitié de son disque, et l’heure du