qu’appartient ce char de guerre, et c’est moi qui l’ai brisé. Ici, j’ai livré à deux et plusieurs fois une longue, une affreuse bataille à Râvana, et j’ai déchiré ses membres à grands coups de mes ailes, de mon bec ou de mes serres. Mais, trop vite fatigué à cause de ma vieillesse, Râvana m’a coupé les deux ailes ; il prit ta Vidéhaine sur le bras et s’enfuit de nouveau dans les airs.
Quand Râma eut reconnu Djatâyou dans le volatile qui racontait cette histoire, il embrassa le monarque des vautours et se mit à pleurer avec le fils de Soumitrâ. À la vue du malheureux oiseau, poussant toutes sortes de gémissements, délaissé même dans ce lieu impraticable et solitaire, Râma plein de tristesse tint alors ce langage à Lakshmana : « Ma déchéance du trône, mon exil dans les bois, la perte de Sîtâ et la mort de mon père : voilà tombés sur moi des malheurs tels qu’ils pourraient incendier le feu même ! Si j’allais puiser de l’eau à la mer salée, on verrait sans doute cette reine des rivières et des fleuves se tarir aussitôt que je viendrais à toucher ses rives ! Il n’est pas dans ce monde avec toutes ses créatures, douées ou non du mouvement, un être plus malheureux que moi, enveloppé dans cet immense filet d’infortunes ! Cet ami de mon père, ce roi des vautours, chargé d’années, le voilà donc gisant sur la terre, frappé lui-même par l’adversité de mon Destin ! »
Il dit, et Râma sur ces mots, lui montrant toute l’affection d’un père, caressa de sa main avec Lakshmana le malheureux vautour.
« Djatâyou, si tu as encore la force d’articuler quelques mots, parle-moi, s’il te plaît, de Sîtâ et des circonstances qui ont amené ta mort à toi-même.
« Pour quelle raison Sîtâ fut-elle enlevée ? Quelle of-