dème ; vous, de qui l’un est le portrait vivant de l’autre, et qui paraissez venir du monde des grands Dieux ?
« Quand je vous parle ainsi, pourquoi ne me regardez-vous pas ? Et pourquoi ne me parlez-vous pas, à moi, que le désir de vous parler a conduit auprès de vous ? Un roi du peuple singe, âme héroïque et juste, nommé Sougrîva, erre affligé dans le monde, fuyant les violences de son frère. Je suis un conseiller de ce monarque ; le Vent, sachez-le, est mon père ; j’ai la faculté d’aller en quelque lieu qu’il me plaise ; je prends à mon gré toutes les apparences ; j’ai changé tout à l’heure mes formes naturelles sous l’extérieur d’un religieux mendiant, et je viens du Malaya, conduit par l’envie de servir les intérêts de Sougrîva. »
Ensuite Râma, s’étant recueilli dans sa pensée un moment, dit à son frère : « C’est le ministre de Sougrîva, magnanime roi des singes. Réponds, Soumitride, en paroles flatteuses à son envoyé, qui est venu me trouver ici, qui sait parler, à qui la vérité est connue et de qui la bouche est l’organe de la vérité. »
Il dit : Hanoûmat entendit avec joie ce langage de Râma, et sa pensée lui peignit en ce moment Sougrîva, l’âme troublée de chagrin. Le singe alors de raconter, et le nom, et la forme, et l’exil de son maître sur le mont Rishyamoûka, et de porter enfin toute l’histoire de son roi à la connaissance de Râma, dans une assez longue extension.
À ces mots, Lakshmana, que Râma invite à répondre : « Il fut, dit-il au magnanime fils de Mâroute, il fut un roi, nommé Daçaratha, plein de constance, ami du devoir, et de qui ce héros appelé Râma est le fils premier né, de haute renommée, dévoué au devoir, tempéré,