Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol1.djvu/354

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il tint ce langage à l’époux de Sîtâ, qui fondait en larmes :

« Je ne connais pas du tout ni l’habitation de ce méchant, ni la puissance, ni la bravoure, ni la race de ce vil Démon. Secoue néanmoins ton chagrin, dompteur invincible des ennemis ; car je te promets que j’emploierai mes efforts à te rendre la noble Djanakide.

« Loin de toi ce trouble d’esprit, où je te vois tombé ! souviens-toi de cette fermeté, qui est la vertu des natures énergiques. Certes, une telle légèreté d’âme ne sied pas à tes pareils. Moi aussi, j’ai senti cette grande infortune que fait naître dans un cœur le rapt d’une épouse ; mais je ne me désole pas, comme tu fais, et je n’abandonne pas ma fermeté.

« Médite cette maxime dans ta pensée : « Un esprit ferme ne souffre pas que rien abatte sa constance ; mais l’homme qui laisse toujours le souffle du trouble agiter son âme est un insensé. Il est malgré lui submergé dans le chagrin, comme un vaisseau battu par le vent. »

« Le chagrin tue la force : ne veuille donc plus t’abandonner à cette douleur ! Je ne prétends point ici, Râma, t’enseigner ce qui est bon, car c’est un don que tu as reçu de ta nature. Mais écoute mes paroles, venues d’un cœur ami et cesse de gémir. »

Ainsi consolé doucement par Sougrîva, l’auguste Kakoutsthide essuya son visage baigné de larmes avec l’extrémité de son vêtement ; et, replacé dans sa nature même par ces bonnes paroles, il embrassa le roi des singes et lui tint ce discours : « Toute chose digne et convenable que doit faire un ami tendre et bon, tu l’as faite, Sougrîva. Un ami tel que toi est un trésor bien rare surtout dans ce temps-ci. Il te faut employer tes efforts