qu’un Rakshasa cruel emportait, criant d’une manière lamentable : « Râma !… Lakshmana !… Râma ! Râma ! » et se débattant sur le sein du monstre comme l’épouse du roi des serpents dans les serres de Garouda. Elle me vit elle-même sur un plateau de montagne, où j’étais moi cinquième avec ces quatre singes ; elle nous jeta rapidement alors son vêtement supérieur et ses brillants joyaux. Ces objets recueillis par nous sont ici, fils de Raghou : je vais te les apporter ; veuille bien les reconnaître. »
« Apporte-les vite, répondit le Daçarathide à ces nouvelles agréables, que Sougrîva lui racontait : ami, pourquoi différer ? »
Hâté par l’envie de faire une chose qui plût à son hôte, Sougrîva d’entrer à ces mots de Râma dans une caverne inaccessible de la montagne.
Là, il prit la robe et les bijoux éclatants, revint, les mit sous les yeux du héros et lui dit : « Regarde ! »
À peine le Raghouide eut-il reconnu dans ces objets le vêtement et les joyaux de Sîtâ que ses yeux se remplirent de larmes : « Hélas ! s’écria-t-il ; hélas, bien-aimée Djanakide ! » et, toute sa fermeté l’abandonnant, il tomba sur la terre. Plusieurs fois, avec désespoir, il porta ces parures à son cœur ; plusieurs fois il poussa de longs soupirs, comme les sifflements d’un reptile en colère.
« Sougrîva, dis-moi ! Vers quels lieux as-tu vu se diriger le féroce Démon, ravisseur de ma bien-aimée, non moins chère que ma vie ? Où habite ce Rakshasa, qui m’a frappé d’une si grande infortune, lui, pour l’offense duquel j’exterminerai tous les Rakshasas ? »
Le roi des singes alors serra le Raghouide avec amour dans ses bras, et, vivement affligé, ses mains jointes,