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Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol1.djvu/361

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qui la soif de ma couronne fit oublier l’amitié qu’il devait à son frère ! »

« Sur ces mots, le singe Bâli me réduit au seul vêtement, que m’a donné la nature, et me chasse de sa cour sans ménagement. Voilà, fils de Raghou, la cause des persécutions répétées qu’il m’a fait subir. Privé de mon épouse et dépouillé de mes honneurs, je suis maintenant comme un oiseau, à qui furent coupées ses deux ailes.

« Résolu à me donner la mort, il sortit sur le seuil de sa caverne et me fit trembler, en levant sur ma tête un arbre épouvantable. Je m’enfuis sous la crainte du coup et je parcourus toute la terre, fils de Raghou, avec les montagnes, qui la remplissent, et les mers, qui la revêtent de leur humide manteau. Enfin, j’arrivai au Rishyamoûka, et, comme une puissante cause oblige cet invincible Bâli à laisser toujours un intervalle entre ce mont et lui, je choisis pour mon habitation cette reine des montagnes.

« Je t’ai raconté, noble Raghouide, tout ce qui m’attira cette mortelle inimitié : vois ! j’étais innocent et je n’avais pas mérité le malheur qui tomba sur moi. Daigne, héroïque enfant de Raghou, daigne me regarder avec bienveillance, moi, qui traîne ici, tourmenté par la crainte, une vie misérable, et dompter enfin ce farouche Bâli. »

À ces mots, le fléau des ennemis, ce radieux enfant de Raghou, se mit à ranimer le courage de Sougrîva : « Mes dards, que tu vois, ces flèches aiguës, qui ne sont jamais vaines, Sougrîva, et qui brillent à l’égal du soleil, je les enverrai se plonger dans le cruel Bâli. Oui ! Bâli, cette âme corrompue, le corrupteur des bonnes mœurs, n’a