Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol1.djvu/370

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Elle vit les singes tremblants fuir d’une course légère comme des gazelles épouvantées, quand un chasseur a tué la reine du troupeau et dispersé toute la bande : « Singes, leur dit-elle, pourquoi donc, abandonnant ce monarque des singes, de qui vous êtes les officiers, courez-vous en pelotons épars et tremblants ? »

À ces questions prononcées d’une voix lamentable, les singes d’une âme tout émue répondent à l’épouse du roi ces paroles opportunes : « Fille de Jîva, retourne chez toi et défends ton fils Angada ! La mort sous la forme de Râma emporte l’âme de Bâli, qu’elle a tué ! »

Alors, voyant son mari immolé sur le champ de bataille, elle s’approcha de lui tout émue et s’assit avec son fils sur la terre. Elle prit ce corps dans ses bras, comme s’il fût endormi : « Hélas ! mon époux ! » s’écria-t-elle ; puis, embrassant le cadavre étendu sur la face de la terre, elle se mit à pousser des cris.« Ah ! dit-elle, héros aux longs bras ! je suis morte aujourd’hui, que tu m’as rendue veuve ! Si tu m’avais écoutée, tu n’aurais pas éprouvé ce malheur ! Ne t’en ai-je pas averti bien des fois ? Lève-toi, ô le plus vaillant des singes ! Pourquoi restes-tu couché là sur la dure ? Ne me vois-tu pas, tourmentée par la douleur, étendue sur la terre avec ton fils ? Rassure-moi dans ce moment comme tu fis tout à l’heure ; rassure-moi avec ton fils, moi, désespérée, à qui ta mort enlève son protecteur ! »

Devant le spectacle de son époux étendu par terre, le sein percé de ce dard que l’arc de Râma lui avait décoché, Târâ se dépouilla de toute pitié pour son corps, et, levant ses deux bras, cette femme aux bras charmants se broya de coups elle-même.« Hâ ! s’écria-t-elle, je suis morte ! » puis elle tomba sur la face de la terre et s’y