roula comme une gazelle qu’un avide chasseur a blessée mortellement. Ceux qui formaient la cour du magnifique Bâli et les dames simiennes de son intérieur, tous alors de s’élancer avec des cris de pygargue hors de la bouche de sa caverne.
Bâli, respirant à peine, traîna de tous les côtés ses regards affaiblis et vit près de lui Sougrîva, son jeune frère. À la vue du roi des singes, qui remportait sur lui cette victoire, il adressa la parole d’une voix nette à Sougrîva et lui tint affectueusement ce langage : « Sougrîva, ne veuille pas que je m’en aille, tourmenté par cette défaillance de l’âme, où tu me vois, noble singe, et chargé d’une faute, moi, que l’expiation a lavé de ses péchés. Sans doute le Destin avait décidé que la concorde n’existerait pas entre nous : l’amitié est naturelle à des frères ; mais pour nous le Destin arrangea les choses d’une autre manière.
« Saisis-toi du sceptre aujourd’hui et règne sur les hommes des bois ; car, sache-le, je pars à l’instant même pour l’empire d’Yama. Dans une telle situation, héros, veuille bien faire exactement ce que je vais dire, chose importante et qui retient ici ma vie. Vois, étendu sur la terre cet enfant plein de sagesse, élevé au sein des plaisirs et qui mérite le bonheur, mais de qui la face est baignée de larmes, Angada, mon fils, qui m’est plus cher que la vie. Défends-le de tous les côtés, comme s’il était pour toi-même un fils né de ta propre chair, lui que je laisse au monde sans protecteur !
« Pare-toi donc, Sougrîva, de cette guirlande, présent du ciel et tissue d’or. Quand j’aurai cessé de vivre, l’opulente félicité qui réside en elle se répandra sur toi ! »