et le chagrin, il n’y avait que le souci dont il reçût la visite.
Tandis que ce magnanime habitait ainsi dans la grande montagne, sa pensée toute remplie de son épouse ravie, la saison acheva de répandre ses pluies ; et la retraite des nuages, qui promenaient sur leurs chars une pesante charge d’eaux, annonça le retour de l’automne.
Quand le fils du Vent, Hanoûmat, qui n’avait pas une âme indécise et qui savait distinguer le moment des affaires, vit Sougrîva empêché par l’amour de marcher avec ardeur sur le chemin de son devoir ; Hanoûmat s’inclina devant Sougrîva, et, flattant ce monarque des singes avec des paroles affectueuses et douces, il tint au roi, qui savait goûter les qualités d’un discours, ce langage utile, vrai, convenable, et tout assaisonné de bienveillance et d’amour : « Ô roi, tu as personnifié en toi-même l’empire, la gloire céleste et la fortune de ta race ; tu as gagné l’amour des sujets, tu as comblé d’honneur tes parents. Ta majesté a consumé tes ennemis, dont il ne reste plus que le nom ; mais une chose est à faire, c’est de secourir tes amis : que ta grandeur veuille donc y penser.
« Héros, plein de courage dans les batailles et qui domptes les ennemis, tu laisses passer l’occasion pour l’affaire de Râma, ton ami ; tu oublies que le moment est venu pour aller à la recherche de sa Vidéhaine. Tu perds le temps, et néanmoins on ne le voit pas te presser, malgré son impatience : cet homme sage et qui sait le devoir, s’incline, ô mon roi, sous ta volonté. Rends-lui service avant qu’il ne réclame de toi le retour du plaisir qu’il t’a fait le premier : veuille donc rassembler, roi des singes, les plus vaillants de tes guerriers. Car les héros