Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol1.djvu/378

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simiens à la grande vigueur ont des routes difficiles à parcourir : ainsi, ne laisse pas un trop long temps s’écouler sans leur envoyer tes ordres. »

À peine Sougrîva eut-il entendu ces paroles sages et dites à propos, que, maître de lui-même et plein de cœur, il prit aussitôt sa résolution et donna cet ordre au singe Nîla, toujours le pied levé : « Réunis tous mes guerriers à tous les points du ciel : fais en sorte que mes armées entières et les chefs entièrement des troupeaux simiens, et les grands capitaines de mes troupes, et les défenseurs des frontières, à l’âme décidée, à la course rapide, se rendent tous dessous les drapeaux sans défaillance de cœur. Aussitôt le rassemblement opéré, que ta grandeur elle-même passe la revue des armées. Tout singe qui, après cinq nuits écoulées, ne sera point arrivé en ma présence, je lui ferai tomber le châtiment sur la vie : telle est ma sentence ! »


Dès que le ciel fut débarrassé de ses nuages et l’automne arrivé, Râma, qui avait passé toute la saison des pluies sous l’oppression du chagrin que lui causait l’amour, songeant alors qu’il avait perdu la fille du roi Djanaka, et que Sougrîva, retenu par la volupté, laissait échapper le temps favorable, s’évanouit sous la violence de sa douleur. Ensuite, revenu après un instant à la connaissance de lui-même, le Kakoutsthide se recueillit dans ses réflexions un moment, et dit ces paroles à Lakshmana pour conduire son affaire au succès :

« Les rois altiers, magnanimes, ambitieux de conquérir la terre et qui sont engagés dans une guerre l’un avec l’autre, ne manquent pas la saison du rassemblement des armées. C’est la première chose dont s’occupent les