Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol1.djvu/380

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singes à la grande vigueur, hauts comme des montagnes, les yeux attentifs au signe du maître. Effrayés par sa vue, tous ces quadrumanes, semblables à des éléphants, saisissent alors par centaines, ceux-ci des crêtes de montagnes, ceux-là de grands et vieux arbres. Quand Lakshmana les vit tous empoigner ces armes, il en fut encore plus irrité, comme le feu sur lequel on a jeté l’offrande de beurre purifié.

Leurs chefs entrent dans le palais de Sougrîva ; ils annoncent aux ministres que Lakshmana vient, bouillant de colère.

Lakshmana vit alors toute cette Kishkindhyâ, que Bâli seule naguère suffisait à défendre, occupée en ce moment de tous les côtés par des singes, qui tenaient des arbres à leurs mains. Alors tous les simiens, rangés en bataille devant le jardin public de la ville, sortirent de l’espace vide entre les remparts et le fossé. Une fois arrivés près de Lakshmana, ces guerriers aux formes telles que les grands nuages, à la voix semblable au tonnerre de la foudre, poussèrent à l’envi le rugissement des lions.

Aussitôt Sougrîva, que cette vaste clameur et la voix de Târâ avaient tiré du sommeil, entra dans la salle du conseil pour délibérer avec ses ministres.

Le plus éminent des conseillers, Hanoûmat, le fils du Vent, commence par se concilier la faveur de Sougrîva et lui tient ce langage, comme Vrihaspati lui-même s’adresse au roi des Immortels : « Râma et Lakshmana, ces deux frères à la grande vigueur et dévoués à la vérité, t’ont prêté jadis leurs secours et c’est d’eux que tes mains ont reçu le royaume. Un seul de ces deux, Lakshmana se tient à la porte, son arc à la main, et les singes tremblants ont jeté ce cri d’épouvante à sa vue. Lakshmana,