Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol1.djvu/379

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princes qui désirent la victoire ; et cependant je ne vois ni Sougrîva, ni rien qui annonce une levée de cette nature. Ces quatre mois de la saison pluvieuse, bel ami, ont passé lents comme un siècle pour moi, consumé par l’amour et qui ne peux voir ma Sîtâ !

« Va donc ! entre dans la caverne de Kishkindhyâ et répète ces paroles de moi au stupide roi des singes, endormi au sein de ses grossières voluptés : « Tu diffères le moment d’accomplir ce traité fait entre nous et toi, nous, qui sommes venus réclamer ton secours dont nous avons besoin, et qui avons commencé par te prêter notre aide. Celui qui détruit l’espérance que sa promesse avait inspirée est un homme vil dans le monde ; mais celui qui reconnaît la parole, soit bonne, soit mauvaise, tombée de sa bouche, et qui dit : « C’est la vérité ! » est dans le monde un homme supérieur.

« Aujourd’hui, puissant roi, que la saison est ainsi disposée, pense donc vite au salut de ma Vidéhaine, afin que le temps ne s’écoule pas stérilement.

« Ou bien désires-tu voir, bandé par moi dans un combat avec toi, la forme de mon arc au dos plaqué d’or et semblable à un faisceau d’éclairs ? Veux-tu entendre, pareil au fracas du tonnerre, le bruit épouvantable de ma corde vibrante, quand je la tire d’une main irritée au milieu de la guerre ? Certes ! il n’est pas fermé le chemin par où Bâli mort s’en est allé ! Sougrîva, tiens-toi ferme dans le traité ! Ne suis pas la route de Bâli ! J’ai terrassé d’une flèche Bâli seul ; mais, si tu sors de la vérité, j’immolerai ta famille avec toi ! »

Lakshmana, ce prince fortuné, au corps semé de signes heureux, se dirigea donc lestement vers la cité des singes. Bientôt il aperçut la ville du roi des simiens, pleine de