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RAMAYANA

À Lakshmana, qui parlait ainsi, comme enflammé d’une ardente fureur, Târâ, semblable par son visage à la reine des étoiles, répondit en ces termes : « Le roi ne mérite pas que tu lui parles de cette manière, Lakshmana : le monarque des singes ne mérite pas ce langage amer, venu de tes lèvres surtout. Ce héros n’est pas ingrat, perfide et cruel ; son âme n’est point amie du mensonge, son âme ne creuse pas des pensées tortueuses. Le vaillant Sougrîva ne peut oublier le service, impossible à d’autres, qu’il doit à Râma d’une vigueur incomparable. C’est la bienveillance de Râma qui met ici dans ses mains la gloire, l’empire éternel des singes, moi, et sur toutes choses, Roumâ, son épouse. Rentré en possession des plus douces jouissances par la bienveillance de Râma, il a voulu, c’était naturel ! goûter de ses voluptés, lui de qui la douleur avait toujours été la compagne. Que le noble Raghouide veuille bien excuser, Lakshmana, un malheureux qui a passé dix années dans les fatigues de l’exil et dans la privation de toutes les choses désirées !

« Râvana aux longs bras est insurmontable à qui manque d’auxiliaires : ce besoin de vigoureux compagnons a donc fait expédier çà et là de nobles singes, afin qu’ils amènent pour la guerre d’autres chefs de singes en nombre infini. Si le monarque des simiens n’est pas sorti en campagne, c’est qu’il attend ici, pour assurer le triomphe de Râma, ces valeureux quadrumanes à la bien grande vigueur. Les dispositions de Sougrîva sont toujours, fils de Soumitrâ, ce qu’elles étaient auparavant.

« Voici le jour où doivent arriver tous les singes : les ours viendront ici par dizaines de billions, et les golângoulas par milliards ; les tribus simiennes répandues sur la terre afflueront ici kotis par kotis. De la rive des mers,